La volonté ou arrêter de vouloir

Vouloir ou comment savourer l’instant
Il faut parfois cesser de vouloir pour vouloir plus efficacement. Vouloir lâcher prise, c’est encore vouloir.

Dans une chronique de Psychologies Magazine, je lis Charles Pépin, philosophe, qui relate un match de tennis face à un adversaire plus fort que lui et son propre entêtement à vouloir gagner. Et puis soudain, son récit m’interpelle : “Quelque chose s’est produit, quelque chose que je n’ai pas voulu, que je n’ai pas décidé… J’ai cessé de vouloir. Je me suis mis à jouer pour le plaisir, à aimer le pouvoir qu’avait chaque point, gagné ou perdu, de me faire vivre un instant de vie pleine et intense, à aimer le soleil, la matière synthétique du court où s’enfonçaient mes semelles, le son de chaque balle échangée, et même la petite douleur dans mon dos lorsque je servais. Mes gestes ont été gagnés par une fluidité, une amplitude nouvelles. J’ai cessé de cogner chaque balle comme si je lui en voulais, j’ai cessé de me battre, et tout s’est inversé… Et j’ai gagné.”

Voilà ce que l’auteur appelle expérimenter “le paradoxe même de la volonté”. Car trop de volonté tue la volonté. Et de conclure : “Il faut parfois savoir lâcher prise, cesser de vouloir pour vouloir plus efficacement… vouloir lâcher prise, c’est encore vouloir.”

Ceci est une belle démonstration du processus de la volonté profonde qui vient du centre de votre être. Arnaud Desjardins, dans le même Psychologies, répond en miroir en posant la question de façon sensible. La question n’est pas tant : “De quoi ai-je envie ?” – gagner, écraser l’autre, être le plus fort – que : “Qu’est-ce que je sens qui est juste pour moi ?” – savourer l’instant présent, ressentir dans toutes les dimensions, corporelles, émotionnelles et spirituelles de l’être. Et l’envie rejoint la sagesse : choisir ce qui est guidé par la lumière, la beauté et la joie.


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