De la déception à la jouissance de vivre

Se dire vient du ventre
Il y a des expériences qui vous collent à la peau : votre vécu, mêlant bonheur et aussi souffrance, vous obsède. Ces expériences, parfois futiles aux yeux des autres, vous affectent et vous font vivre la déception, le désespoir et l’impuissance. Ces situations qui se répètent et finissent en ritournelles, souvent relationnelles (puisque tout est relation, relation à soi et à l’autre), sont pourtant un rendez-vous avec vous-même. Car là où ça coince et ça blesse, c’est précisément là où réside votre richesse. Les situations qui se rejouent sont le nœud de votre essence. Et il arrive qu’à force de répétition une histoire vienne condenser toutes les autres : celle-là vous marque et veut attirer votre attention.

C’est cette histoire-là, pleine de détails et de symbolique, qui a besoin d’être digérée et repassée comme on révise une leçon. L’écriture peut être un bon moyen de donner corps à la lumière qui se trouve étouffée par l’incompréhension. Selon le processus décrit ci-dessous, le travail d’écriture permet de prendre du recul et de remodeler le vécu, en révélant les différentes énergies qui le traversent et en reconnectant à l’élan vital qu’il contient. Au cœur de chaque échec, il y a un élan, une aspiration : la façon toute singulière dont vous imprimez le monde pour goûter à la vie.

Mettre en perspective

Exercice de création de soi

Cet exercice d’introspection et de transformation, qui s’appuie sur l’écriture en tant que médium d’expression et de création, demande plusieurs jours, voir plusieurs semaines, selon votre rythme et désir d’approfondissement : grâce aux maux devenus mots, vous donnez naissance à un nouveau « moi ».

  • Choisissez une expérience qui vous tient au corps et à cœur : elle vous obsède secrètement, elle peut paraître superficielle ou déplacée, mais fiez-vous à votre intuition et sentez l’endroit où vous avez l’impression que quelque chose se cristallise : une relation conflictuelle qui vous obsède (conjoint ou ex-conjoint, amoureux, patron, collègue, ami/e, enfant…), un projet important qui n’aboutit pas, un chagrin d’amour dont vous n’arrivez pas vous défaire, une difficulté financière qui vous semble insurmontable… Ce qui importe, c’est que la problématique vous tienne au tripes, vous embourbe et vous empêche de passer à autre chose parce qu’elle correspond en même temps à un rêve, une aspiration profonde.
  • Identifiez votre interlocuteur. Dans votre récit, vous vous adressez à ce qui vous résiste. Il y a en somme deux personnages principaux dans votre histoire : « je », c’est vous-même, et « tu », celui/celle avec qui vous êtes en conflit ou qui vous a plongé dans le désarroi.
  • Revivez et racontez toute l’histoire telle que vous l’avez vécue. Le commencement : le manque qui vous a conduit à désirer, rêver, agir pour répondre à votre aspiration, et la rencontre avec la personne ou le projet. Le déroulement : les différentes étapes, moments marquants et heureux, accomplissements et succès (aussi petits soient-ils, car les réussites sont souvent inscrites dans les détails) qui vous ont donné envie de croire à votre rêve. La chute : le déclin, la rupture ou les différents problèmes rencontrés, vos ressentis, pensées et réflexions concernant le cours du processus, vos conclusions et ce que vous laissez ouvert.

Dans cet exercice d’écriture, deux règles. Règle n°1 : déroulez le récit en vous attachant à tous les détails qui ont attiré votre attention et mettez des mots sur votre ressenti ! Utilisez vos sens, vos émotions, les résonances et les images qui surgissent ou reviennent à votre mémoire. Notez les actions, les mouvements, les dialogues, les impressions. Décrivez. Décrivez tout dans les moindres détails. Comme si vous écriviez le scénario d’un film ou si un futur lecteur devait pouvoir entrer dans votre peau et revivre les évènements tels que vous les avez vécus. N’hésitez pas à élargir votre ressenti à une signification symbolique ou sacrée. Ce vécu peut être assimilé à un passage initiatique, c’est pourquoi chaque détail compte. Règle n°2 : je vous conseille d’écrire votre texte sur ordinateur (mais là encore suivez votre intuition) parce que les lettres visualisées et imprimées sur écran donnent une consistance supplémentaire. Choisissez avec attention la typographie que vous utilisez : déterminez le dessin de lettres qui vous correspond et le “corps” de texte avec lequel vous êtes à l’aise (la taille des caractères se définit en “corps” : corps 12, par exemple). Plus vous aurez l’impression de taper un vrai roman, plus grand sera l’impact.

  • Imaginez les différentes orientations possibles. Donnez du temps à cette troisième partie pour l’aider à murir. N’hésitez pas à laisser vos conclusions en suspend : n’arrêtez rien de définitif, mais nommez les enjeux qui vous interpellent, les questions et hésitations qui persistent, les visions qui se dessinent ou s’affirment. Restez ouvert. Là encore, prenez note de vos intuitions et confiez-les à votre corps : seule l’écoute interne saura vous guider. Vous êtes à la croisée d’un chemin : laissez émerger le ou les choix qui vous permettront de créer votre futur.
transformation

Plus vous plongez dans votre vécu en vous forçant à le traduire de façon juste et sensorielle, plus vous imprimez dans votre corps une conscience qui va permettre la transformation. Le texte trouvera son ton, son rythme, son vocabulaire et donnera forme à votre «poésie» intérieure. En écrivant, vous allez revivre chaque moment, mais avec une nouvelle distance qui vous permettra de mieux comprendre les enjeux et qui dévoilera vos qualités et motivations essentielles. Ressentez votre énergie vitale et orientez vos expériences à venir dans le sens de la jouissance telle que vous pouvez la célébrer. Laissez-vous surprendre par ce qui compte vraiment pour vous. Vous êtes en train de vous révéler, de vous réinventer et d’inscrire un nouveau futur.


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