La différence est un atout

J’ai eu le plaisir d’assister à la journée Osons la France, lancée par Aude de Thuin et ouverte avec cette phrase optimiste : Et si le meilleur était devant nous ? (qui est aussi le titre de son dernier livre). De cette journée, stimulante et riche en témoignages engageants, j’ai retenu des idées et mots-clé qui reviennent souvent dans les fresques que j’ai le plaisir de réaliser.

Dans une France habituée à penser négativement (think negativ sont les mots notés sur mon cahier pour résumer l’enquête de Claudia Senik), oser ne pas se comporter normalement se révèle une véritable aubaine. Alors que les actions en faveur de la diversité dans les entreprises traitent la différence comme un problème, c’est précisément le hors-norme qui doit être cultivé et valorisé : la véritable ressource de transformation, ce sont les forces qui proviennent des marges du système. Oser la différence, transgresser les normes, devient la posture à cultiver précieusement aujourd’hui.

Oser la différence, c’est prendre exemple sur ceux qui réussissent malgré la morosité ambiante, en dépit des obstacles sur la route ou de la défaite annoncée. Les personnes différentes – par leur culture, leur origine, leur chemin de vie… – privilégient une attitude distanciée qui favorise la vigilance et développe la bonne dose de curiosité nécessaire pour trouver des ressources insoupçonnées et construire, grâce à l’empathie et à un langage direct, un réseau relationnel diversifié qui permet de rebondir.

Avec la distance qui oblige à lever le pied et sortir la tête du guidon, l’innovation se manifeste par un point de vue créatif, qui résiste au jugement et à la peur d’être catalogué asocial, mis en valeur par la capacité à hybrider des ressources : ainsi l’innovation s’associe souvent à la tradition.

Pour compenser l’écart entre les compétences et les stéréotypes, les personnes considérées handicapées s’impliquent davantage en ayant un rapport soutenu à la prise de risques. Prendre plus de risques permet d’éviter le péril (auquel on n’échappe pas sans prendre de risques), par exemple, en acceptant les dossiers les plus épineux. C’est aussi se donner le pouvoir de dire Non pour gagner en liberté et autonomie, qualités nécessaires à l’innovation.

La réciprocité élargie : ceux qui partent perdants, pour inverser leur destin, ont souvent reçu le soutien d’une bonne fée (un parent, un instituteur, un compagnon ou être aimé…). Ce qu’ils ont reçu, ils le transmettent à leur tour, dans un élan de générosité qui permet de créer du lien, d’être à l’écoute des autres et de négocier habilement.

Être différent oblige à une plus grande flexibilité. Comme devenir coopétiteurs (terme qui mélange compétitivité et coopération) : tout en se retrouvant en compétition sur un marché, proposer une offre mixte. Allier les compétences et créer une communauté d’acteurs-compétiteurs sera le signe de ralliement de demain. Cette communauté d’oseurs se construit sur la confiance, la transparence et le respect, en privilégiant le long terme (des contrats perdants à moyen terme se révèlent extrêmement gagnants sur le long terme) et en acceptant de redevenir compétiteurs si nécessaire.

La culture de l’aventure. Entreprendre devient une aventure qui transforme et touche l’être et la société : par leur goût pour l’analyse et l’introspection (Qu’est-ce qui fait sens pour moi ?) et dans le but de provoquer le destin, ceux qui osent s’entreprennent en même temps qu’ils entreprennent.

Le langage de demain : Do It Yourself (DIY) ou Do It Yourself With Others (DIYWO). Parce que la débrouille se généralise, de plus en plus de produits seront fabriqués par les usagers dans des fablab (le nouvel artisanat numérique), avec l’aide des tutoriels mis à disposition par les makers. Une nouvelle économie se met en place pour pallier aux manques actuels.

Un horizon se dessine, dans une France si merveilleusement pessimiste. En misant sur sa marge, elle peut renverser la vapeur. Y croire est une nécessité : avoir la foi signifie mobiliser des affirmations qui ne sont pas vérifiables aujourd’hui, mais qui se concrétisent au fur et à mesure du processus. Le sentiment de bonheur naît de la capacité à se projeter : pour passer du négatif au positif, il lui faut un narratif collectif tourné vers un avenir prometteur, en cultivant le plaisir à être et travailler ensemble. C’est ce que la journée Osons la France a défendu en proposant un programme en continu pendant vingt-quatre heures non-stop, avec nuit festive à l’appui.

Il y a du délire en interne dit un jeune entrepreneur en parlant de l’ambiance dans ses bureaux. À l’image de toutes les petites phrases dites en rigolant, que je relève dans mes fresques, ces mots spontanés sont pour moi le signe d’une grande vitalité et d’un élan porteur, sur lequel il faut miser pour transformer la et les sociétés, pour le meilleur de tous.

La facilitation graphique permet de saisir ces instantanés et de dégager les idées qui ont de la valeur tout en cultivant le délire interne, propice au changement. Osez, osez la différence.


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