Faire « émerger » une identité visuelle

Alexandre a développé sa propre méthode de management agile. Il l’a nommée emerge©, la déploie à travers ses formations et veut en faire un outil de référence. Pour cela, il faut retranscrire la singularité de son approche tout en marquant les esprits avec une identité synthétique et forte. Le contenu pédagogique doit être réactualisé et, plus précisément, le grand schéma générique qui sert de support à tout l’édifice : Alexandre souhaite en faire une image limpide, au fort potentiel attractif. Je lui ai répondu en rigolant : « On va faire de ton schéma une œuvre d’art ! »

Concrétiser une vision

Accoucher de l’identité visuelle de emerge© fut un passionnant cheminement. Tout d’abord, en interrogeant Alexandre lors de l’entretien initial, j’ai compris que cette méthode était un accomplissement vital, le fruit d’un long parcours et la promesse d’une reconnaissance méritée. « C’est un peu mon bébé », ainsi qualifiait-il l’objet de notre collaboration à venir. En regroupant différentes ressources et procédés vérifiés en une méthodologie unique et enrichie, il y avait là matière à pouvoir, un jour, l’offrir en libre accès. Cette vision le portait plus que tout.

Pour initier la mise en œuvre, Alexandre m’a expliqué sa méthode et plusieurs pistes de logotype ont été proposées à partir d’un cahier de tendances que j’ai compilé autour de l’idée d’émergence. Pour choisir, ce fut plus laborieux : Alexandre m’avait bien précisé, dès le départ, que cette étape le rendait anxieux par peur de devoir renoncer à des possibles. Il a cependant rapidement adhéré à ma façon de faire : en participant à la création — par sa présence, en visio, pendant que je maniais patiemment les lettres et les formes sous ses yeux et réfléchissais avec lui aux différentes options —, il pouvait vivre les phases de doute et d’interrogation en toute liberté. Nous prenions le temps d’évaluer chaque proposition, de la pousser suffisamment pour avoir une meilleure idée de sa portée. Alexandre prit alors conscience que ma méthode de travail suivait le même processus que celui qu’il utilise dans le management agile pour danser avec le chaos.

Nous avons finalement opté pour un logotype dont certaines parties des lettres sont manquantes pour inviter le regard à reconstituer la totalité. Le premier « e » est inscrit dans un cercle, ce qui en fait un sigle à la fois simple et percutant — un détail important pour une méthodologie qui entend devenir un outil open source, diffusé librement à tous. De même, pour le choix de la couleur, nous avons fait de multiples essais avant de revenir à la première proposition : des couleurs vives et fraiches qui se mariaient bien avec le schéma et le parti-pris floral.

Ainsi, le processus créatif passe par l’incertitude, des moments de doute — et de grâce aussi quand la magie opère —, un temps de maturation nécessaire qui s’attache parfois à des détails et semble vain, mais ce sont précisément ces détails qui vont faire la différence. Les allers-retours d’essais-erreurs aident à façonner et à affiner le résultat final.

Un schéma devenu ouvrage d’art

Le plus grand défi a été de mettre en forme le schéma générique de la dynamique emerge©. Complexe et ardu, il fallait le rendre attrayant et limpide. Ce travail de synthèse visuelle a permis d’affiner sa structure et son wording, car représenter un outil et sa complexité par un dessin permet de fluidifier sa clarté, sa logique. Après de multiples essais, j’ai abouti à des formes d’inspiration florale qui ont donné le ton pour tous les autres schémas.

Pour mettre au point la charte éditoriale, il a fallu, là aussi, revoir la structure et certaines formulations (respecter une même syntaxe, formuler en positif, etc.), trouver des images libres de droits pour créer une rupture visuelle et actualiser les nombreux schémas (une soixantaine) en mettant à profit les formes de l’identité visuelle. Certains schémas ont également nécessité de concevoir une petite bibliothèque de pictogrammes. Nous avons enrichi la charte avec des idées utilisées dans d’autres pistes : les dégradés de couleurs qui mettent en valeur la qualité émergente de la méthode, l’aspect crayonné de certains signes, une police bold qui laisse apparaître une image photographique tramée dans la forme de ses lettres…

La charte éditoriale est née en modélisant les documents PowerPoint dont Alexandre se sert dans ses formations. À l’occasion d’une conférence, il a présenté la nouvelle identité en montrant le visuel inédit de la dynamique emerge©. Il est revenu vers moi en écrivant ces mots : « Ce fut limpide et le feedback fut très positif. » Pour clôturer notre collaboration, nous avons réalisé la couverture de son livre Danser avec le chaos. Comment faire émerger le potentiel de vos équipes dans l’incertitude qui reprend le schéma floral.

Une identité visuelle n’est jamais figée ni gravée dans le marbre : elle peut évoluer avec le temps, s’affiner avec l’usage que l’on en fait. Certains choix graphiques se révèlent judicieux, d’autres peuvent être améliorés, enrichis ou modifiés. Ainsi, le travail s’épure, se polit au fur et à mesure qu’on s’en sert.

Témoignage

Alexandre Boyer, fondateur de Émerge, auteur de Danser avec le chaos. Comment faire émerger le potentiel de vos équipes dans l’incertitude

L’identité visuelle et la charte éditoriale en images

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