Catherine de Smet, docteur en histoire de l’art et du graphisme, a créé un format original pour diffuser les œuvres d’artistes choisis : le « Centre d’art imprimé » est une forme de « livre d’art » numéroté et vendu aux collectionneurs. Elle m’a confié la mise en page de celui de Jessica Stockholder, une artiste américano-canadienne connue pour ses installations et sculptures in situ souvent décrites comme des « peintures dans l’espace ».
Compétences : conseil artistique, conception graphique, mise en page. Sens du projet : traduire l’univers singulier de l’artiste dans lequel couleurs et matières sont intrinsèquement liées ; montrer le cheminement des installations choisies ; faire un bilan du parcours artistique dans un format inédit.
Jeux de couleurs et de matières
J’ai rencontré Jessica Stockholder alors qu’elle était en résidence artistique près de Tours, dans un magnifique atelier au milieu de la campagne verdoyante. Jessica m’a fait part du découpage de son livre en 9 chapitres, ou « 9 installations » (titre de l’ouvrage) décryptées avec les croquis préparatoires et l’œuvre réalisée.
Par ailleurs, Jessica et Catherine avaient déjà réfléchi aux papiers qu’elles voulaient utiliser pour mettre en avant l’aspect sensoriel du travail artistique : papier tissé de fibres, papier vélin, papier irisé, calque, film polypropylène… Cet objet d’art fut une véritable prouesse technique et c’est Alain Mignot de Mignotgraphie, émoussé par les défis posés par l’ouvrage, qui se chargea de l’impression en sérigraphie.
Ma mission s’est résumée à aider Jessica à mettre en page les différents documents ayant servi à la préparation des installations ; à animer les ouvertures de chapitre et à insuffler un rythme dynamique à l’ensemble ; à définir un style typographique et visuel pour la partie catalogue. J’ai donc proposé des aplats de couleurs — y compris des teintes métalliques ou des vernis pour sublimer certains contrastes —, ainsi que des motifs librement inspirés du travail de Jessica. La fonte retenue pour les titres est le Minimum de Pierre di Sciullo, une police expérimentale et radicale qui se marie bien avec l’esprit visionnaire de l’ouvrage.
Le résultat est un livre aux milles textures et couleurs, une cartographie née de la rencontre du crayonné des dessins avec l’aspect lisse de la photographie, un découpage où se superposent transparence et diversité de formats, un jeu d’intercalaires où la vibration explosive des motifs côtoie la brillance d’un vernis subtilement déposé ici et là…
Cette expérience m’a fait goûter au plaisir qu’il y a de servir l’œuvre d’un autre artiste : arriver à rentrer dans les différentes facettes de son univers, de son imaginaire et langage artistique ; m’en emparer pour les investir et les faire exister avec encore davantage de force.
Le « livre d’art » en images
Cliquer sur les images pour les agrandir.

Le livre de Jessica Stockholder et Catherine de Smet, sa palette de couleurs et ses textures.


















Aplats de couleur, motifs, jeux de transparence, superpositions, textures et typographie composent ici un ouvrage qui donne la part belle au « geste » artistique. Paru en 1998, 75 exemplaires numérotés.
