Le jeûne intrigue et attire, parfois déconcerte et effraie. Pour qui décide de jeûner, cela ne signifie pas seulement inverser le cycle d’alimentation pour se nourrir de l’intérieur, mais aussi mettre le monde extérieur en veilleuse. Si l’appel du jeûne se fait sentir, c’est sans doute que votre corps, mais aussi votre âme, vous demande un temps de repos et d’écoute pour vous éveiller à un renouveau tant attendu. Le retour à soi est essentiel : vous pouvez choisir de commencer l’année en inscrivant dans votre agenda dès à présent, et avant toute autre chose, les moments de rendez-vous avec vous-même.
Jeûner corps et âme
Le jeûne correspond à un temps de jachère de votre corps et esprit. Il vous invite à vous couper de vos occupations quotidiennes pour baigner dans un environnement bienveillant, laisser tomber masques et carapaces, vous reconnecter à votre vulnérabilité et accueillir les inspirations régénératrices.
Ce processus de régénération se concentre d’abord sur le corps, car tout y est enregistré. Le corps est le gardien de vos expériences. Celles-ci sont imprimées dans vos mouvements, dans la façon dont l’énergie circule et dont les tissus, organes et os s’agencent et s’articulent. Il vous faut une oreille attentive et réceptive pour percevoir les micro-sensations qui se manifestent et font signe dans le bien-être, la tension ou la douleur. Accepter la douleur et les différents états physiques permet de transformer le ressenti, tout comme traverser les émotions aide à trouver un apaisement ou une détente. Le corps est un miroir sans concessions et le repos de l’esprit vous rend davantage disponible à cette confrontation salutaire. À travers le ressenti et l’exercice physique (pour garder la masse musculaire, le jeûneur a besoin de bouger), voici l’occasion de prendre conscience de l’état de votre corps et de votre relation à celui-ci.
Avec la reconnexion et le ressenti viennent les émotions. Le jeûne, en nettoyant le système digestif, fait aussi ressortir les émotions parasites, comme la peur ou la colère, qui figent le corps, l’allourdissent ou impriment un inconfort. De la même façon que le jeûne évacue les déchets physiques, il offre aux émotions une voie de sortie : permettez-vous de vivre ce passage en douceur, dans le respect de votre vécu et de votre rythme. C’est l’occasion de vous pardonner votre humanité, d’éprouver votre patience en sortant de l’urgence et d’accueillir le vide qui s’empare de vous. Voilà qui ouvre la voie vers un supplément d’âme.
Le corps physique et émotionnel étant allégé, vous voici disponible pour écouter les appels qui viennent du cœur. Dans le retour sur soi et le silence intérieur émergent les vraies questions, celles qui répondent à un mouvement intérieur profond. Les couches superficielles ayant été mises à nu, vous avez accès plus facilement à votre vérité. De la même façon, les relations avec les autres ne s’embarrassent plus de tout un tas de jugements et résistances : elles sont plus riches et spontanées. Vous renouez avec l’enfant créateur, heureux d’aller à la rencontre des autres et du monde.
Le jeûne décortiqué
- Le jeûne repose sur les principes ou lois de la nature. Le corps – et l’esprit – sont auto-réparants : le jeûne, en mettant le système digestif au repos complet, facilite cette auto-réparation. L’énergie alors libérée de la digestion et les transformations organiques qui résultent du changement de régime agissent comme un chirurgien intérieur : celui-ci va réparer ce qui a été endommagé (cellules, organes, tissus, système nerveux). Car le corps connait deux états : l’alimentation – qui se compose de nourriture ingérée de l’extérieur, induisant la faim et la digestion – et le jeûne – qui nourrit le corps avec ses propres réserves, sans induire de mécanisme de faim ni de digestion (repos digestif).
- Le jeûne représente un des deux fonctionnements naturels du corps. Il a été conçu pour cela – et probablement pas pour se nourrir de façon ininterrompue. Car comment évacuer les déchets accumulés autrement que par le jeûne.
- Le repos digestif ne se fait pas en un jour : préparez votre corps à se défaire des aliments les plus acidifiants (viande, café, vin, sucre, etc). Les premiers jours de jeûne sont les plus délicats : un inconfort ou des douleurs peuvent se manifester (si vous jeûnez régulièrement, les transitions seront de plus en plus faciles). Une fois le jeûne entamé, la sensation de faim disparaît : ce sont les habitudes mentales qui persistent parfois (là aussi, au fil des jeûnes, cela devient aisé et même réjouissant). De la même façon que vous avez pris soin d’entrer dans le jeûne, au moment de la réalimentation, vous réintroduirez progressivement les aliments les plus délicats.
- Jeûner plusieurs jours vous permet de mettre le système digestif entièrement au repos (les lavements sont vivement conseillés) : il s’en suit une légèreté physique et psychique qui fait un bien fou.
- Il existe des alternatives qui portent le nom de jeûne et se déroulent sur une journée : or jeûner demande un repos digestif complet d’au moins trois jours. Mais tout ce qui permet de mettre votre appétit au repos est bon et si ces alternatives n’apportent pas tous les bénéfices du jeûne, elles allègent le système digestif et réduisent les pics d’insuline : le jeûne intermittent (qui consiste à ne rien manger pendant 16 heures pour permettre un cycle complet de digestion), le jeûne hebdomadaire, le jeûne un jour sur deux, le repos digestif (ne manger qu’un type d’aliment pendant une journée). Ces alternatives peuvent être une entrée en matière pour vous habituer à réduire les apports de nourriture extérieure.
- Sachez que jeûner est un choix personnel que vous faites parce que vous en ressentez le besoin : en aucune façon cela ne peut vous être imposé par une volonté extérieure.
- Le jeûne facilite une forme de reprogrammation : au fil des expériences, le changement au niveau des habitudes alimentaires, de l’hygiène de vie, du bien-être physique et psychique, des choix personnels et professionnels est manifeste. Petit à petit, vous redevenez créateur de votre vie.