La mètis est une forme d’intelligence pratique et rusée qui fonde la mythologie grecque et plébiscitée par le monde mouvant d’aujourd’hui. L’entreprise ces derniers temps ne cesse d’invoquer l’agilité comme précepte d’innovation : or l’intelligence agile ou mètis, c’est vieux comme le monde et pour en parler avec efficacité, mieux vaut remonter à ses origines.
Vous connaissez Ulysse, le héros grec qui survit à un très long voyage : il est celui qui l’incarne le mieux. Le mot mètis, issu d’une racine verbale qui signifie mesurer, implique le calcul ou une connaissance exacte. Cette notion d’une intelligence efficace, agissante, confrontée à une réalité à la fois concrète et mouvante correspond parfaitement aux situations dans lesquelles il est nécessaire d’avancer avec souplesse. Il s’agit en effet d’être capable de recalculer constamment sa position, de changer d’option, de jongler avec des circonstances variées pour tirer son épingle du jeu. Pensez pensée créative, celle qui rebondit, ne s’attache et ne s’attarde pas. Souplesse et légèreté peut rimer avec profondeur.
Par ailleurs, la déesse qui porte son nom tire son origine du monde aquatique et marin : un contexte instable, mouvant, trompeur et souvent dangereux. Mètis est par conséquent riche de nombreuses qualités et englobe ainsi différentes notions telles que : le savoir-faire, le métier, la vivacité, la diversité, l’astuce, l’habileté, l’avantage, la tromperie, la ruse, l’artifice, le point critique, le bon moment, la réflexion, la médiation, l’imagination, la trame, l’art de tisser, la prudence, la sagesse.
La mètis est ce qui permet au puissant Zeus (ainsi qu’à ses ascendants et descendants) de l’emporter sur un rival (en l’occurence le père dévorateur) et d’éviter de tomber dans le piège du destin. Zeus dispose au terme de son périple d’un pouvoir absolu, où la force se combine avec la sagesse, la ruse et la faculté de prévoir l’avenir. Dans son panthéon, il y a les dieux à mètis (Athéna et Hermès) et les autres (sans mètis). C’est Athéna (fille de Zeus et de Mètis) qui apporte l’art de labourer grâce à l’araire (et non Déméter, déesse de la fertilité). C’est Athéna qui remporte la guerre de troie, armée de bronze et porte l’égide dont le pouvoir magique pétrifie l’ennemi, et non Arès, dieu de la guerre. Si Poséidon préside aux forces naturelles des vents et des flots, c’est encore elle qui construit les vaisseaux, conseille et guide le pilote.
La mètis se définit donc comme une aptitude à s’adapter aux situations ambiguës, mouvantes, celles où règnent la multiplicité et la diversité, et qui exigent moins la force que la ruse, voire la magie. Seule une intelligence souple et apte à conjecturer, une forme de volonté habile permet de faire face aux défis actuels.
La volonté habile est des quatre aspects de la volonté développés par la Psychosynthèse.