Où il est question de se reconnecter à l’essence de Noël. Car Noël est un moment privilégié pour se recueillir et redécouvrir notre âme d’enfant divin. À l’heure où les lumières vacillent, nous sommes invités à nous rencontrer avec humilité et candeur. Entrons dans la danse et, comme les enfants, écoutons et ouvrons nos oreilles au langage symbolique du conte biblique. Tel un rêveur, apprécions les différents aspects du récit comme des parties de nous-même : voyons ce qu’il dit de nous aujourd’hui et à quelles observations ou questions il nous invite.
Nota bene : répondez aux questions en l’adaptant à votre ressenti.
Unité
La naissance de Jésus survient dans un contexte particulier, celui d’un recensement obligatoire : le pouvoir romain s’étend alors à toutes les régions et impose aux habitants de retourner dans leur lieu de naissance afin d’être recensés. Dans le but de créer de l’ordre, le pouvoir s’attache aux chiffres pour pouvoir mesurer, isoler, séparer, comparer… Le multiple transforme les êtres humains en données utilisables, interchangeables, exploitables. Or l’humain est à la fois unique et animé par un même souffle, celui qui fait battre les cœurs et régit l’univers. Il est l’expression d’une même conscience nommée amour, qui échappe au multiple et au comptage.
Quelle place est-ce que je donne au pouvoir dans ma vie ? Suis-je souvent en train de me comparer ? Ai-je souvent besoin de me contrôler ou de contrôler mon environnement ? Ai-je confiance en la vie et comment est-ce que j’exprime ma joie de vie ? Suis-je capable de lâcher-prise et de savourer ce qui est, ainsi que l’essence des choses et de la vie ?
Ouverture
Jésus naît d’une femme, Marie. Qu’on soit homme ou femme, en chacun de nous cohabitent les polarités masculines et féminines. Si notre partie masculine s’agite, agit sur l’extérieur, combat, fait du business…, c’est à notre partie féminine de laisser émerger et maturer, de porter, d’accoucher et d’accueillir l’enfant intérieur. Elle nous convie à être réceptif et attentif à l’inattendu, à embrasser sereinement opportunités et changements.
Est-ce que je laisse de la place au féminin, à l’ouverture, à l’accueil, à l’amour inconditionnel dans ma vie ? Suis-je capable de m’accueillir et de m’aimer tel que je suis sans vouloir me changer ? Suis-je sans arrêt occupé à faire des choses ou à me distraire ? Suis-je capable de rester tranquille un moment, sans agitation aucune ?
Pureté
Marie est vierge. Sa virginité nous dit : “Je suis sans mélange, comme de l’eau pure”. Elle nous invite à un nettoyage à la fois mental et émotionnel. Il s’agit de nous observer et de prendre conscience de ce qui s’exprime en nous, à travers nous, pour pouvoir le purifier. Nous défaire des jugements qui conditionnent nos pensées, nos émotions, nos ressentis afin de retrouver notre état naturel de présence au monde : innocent et confiant.
Y a-t-il contamination entre mes pensées et émotions ou suis-je au clair avec ce que je pense et ressens ? Mes pensées sont-elles limpides et cohérentes ? Mon état émotionnel est-il apaisé, serein ? Mon corps est-il détendu ou bien se sent-il fatigué, écrasé, encrassé ?
Silence
Joseph et Marie arrivent dans la salle commune et un bruit assourdissant y règne. Entre les multiples distractions qui régissent nos vies et l’inévitable masturbation mentale, nos pensées divaguent et forment un incessant bruit de fond. Le bruit est complaisant, il sert à éviter le vide. Or il faut du silence, un esprit réceptif et détendu, pour se reconnecter à l’enfant intérieur. Ainsi la crèche représente un espace intérieur où faire silence et où se reconnecter à son ventre. “Laisse-toi bercer par le silence surnaturel de ce lieu où rien ne se pense tandis que tout se respire et toi, fais pareil : ne pense pas et respire. Aime tout, aime-toi toi-même dans ton ventre d’abord.”
Suis-je capable de m’extraire des distractions et des pensées négatives pour faire le vide en moi ? Est-ce que je m’autorise à traverser et à savourer le silence intérieur ? Quel temps de silence ai-je mis entre deux pensées ? Ai-je aimé mon ventre aujourd’hui, le temps d’une méditation ou d’un massage ? Ai-je honoré mon corps ?
Nourritures essentielles
Joseph et Marie se réfugient dans une crèche, avec au centre une mangeoire. La crèche ressemble à une grotte qui nous plonge dans un autre espace-temps et pose les conditions d’une reconnexion à l’enfant divin. La véritable souveraineté se trouve dans l’humilité : bannir nos conditionnements, nos préjugés, nos limitations, nos peurs, et nous ouvrir à la fabuleuse liberté de l’amour inconditionnel. C’est ainsi que la mangeoire qui sert de berceau à Jésus nous convie à sortir de notre condition animale pour nous abreuver de nourritures essentielles.
Ai-je œuvré à me libérer de mes prisons intérieures ? Les ai-je seulement identifiées ? De quoi me suis-je nourri aujourd’hui physiquement, émotionnellement, spirituellement ?
Souffle
Joseph et Marie en tant que couple représentent les colonnes masculines et féminines qui nous fondent, le yin et le yang, la gauche et la droite, la matière et la lumière, ce qui vient d’en bas et ce qui vient d’en haut. Si Joseph est le père adoptif, notre vrai père est l’esprit saint, spiritus qui veut dire “souffle”, qui fait que nous inspirons, expirons, respirons la lumière que nous sommes.
Ai-je conscience que mon souffle est lumière ? Ai-je pris le temps d’inspirer, d’aspirer, de respirer aujourd’hui ? Ai-je conduit mon souffle jusqu’au ventre?
Énergie sexuelle
Dans la crèche, à la droite de Jésus, il y a Joseph et le bœuf. La bœuf ou taureau représente la force sexuelle. Il nous incite à veiller sur les pulsions sexuelles et à affiner notre énergie sexuelle car maîtrisée, elle nous relie à notre puissance, tandis que non maîtrisée, elle est source de violence, de destruction ou d’autodestruction. Cette énergie peut se transmuter et devenir source de contemplation, de joie, de création.
Suis-je déséquilibré dans un sens ou dans l’autre ? Suis-je capable de diriger mon énergie sexuelle comme je le décide ? Suis-je en paix avec ma sexualité ?
Ego
Dans la crèche, à la gauche de Jésus, côté cœur, il y a Marie et l’âne de Marie, sans doute une ânesse. L’âne représente l’égo avec lequel nous vivons l’incarnation. L’égo est ce qu’on nomme le “caractère” et le siège de notre mental, il ressasse, entasse, enferme dans les croyances et le rapport au temps… “Têtu comme un âne”, il nous dirige tant qu’il n’a pas reconnu celui qui commande. Il faut donc apprendre à diriger notre volonté pour que notre âne devienne un trésor : intelligent, serviable, solide et fiable. Si l’âne souffle sa chaleur sur l’enfant Jésus, c’est parce qu’il existe un état où l’égo ne revendique pas de pouvoir : “Tiens-toi tranquille”, dit cette part de nous qui parcourt le temps en quête d’infini et profite du calme des longues nuits pour s’intérioriser. “La conscience a besoin de silence, nous l’accablons de bruit, elle veut du calme et du centrage, et nous sommes agités et dispersés. La conscience, pour être entendue, veut que nous oubliions notre égo et nous n’écoutons que lui.”
Quelle est ma relation avec mon mental, mon égo ? À quelles injonctions inconscientes ou croyances ai-je l’habitude d’obéir ? Qui me commande ?
Volonté
Les rois mages suivent l’étoile portés par des chameaux. Ces animaux exceptionnellement endurants sont capables de se relever après de violentes tempêtes et de protéger ceux qui se mettent à leur abri. Endurance, sobriété, courage et générosité sont les quatre qualités nécessaires pour s’éveiller. Ainsi la volonté est multiple et est le véhicule de notre accomplissement.
Quel est mon rapport à l’endurance, au courage, à la sobriété et à la générosité ? Est-ce que je reconnais et développe ma volonté ? Quelles sont les qualités dont je fais preuve pour dépasser les obstacles et m’affirmer ?
Vertus
Les rois mages sont aidés par l’étoile qui les guide inlassablement du haut du ciel et symbolise l’accomplissement. “Choisis comme ange gardien une étoile dans ce ciel. Vois-la, sens-la et relie-toi, puis tous les soirs, relie-toi à ta mère céleste car cette étoile deviendra pour toi l’étoile du bonheur qui t’aidera à ne pas oublier ton origine.” L’étoile clignote en haut des sapins, comme un rappel obstiné dans notre monde désacralisé : “Enfant, pour recevoir des cadeaux au pied de l’arbre sur la terre, il te faudra regarder l’étoile en haut vers le ciel”. Pensons à lever le nez et les yeux pour la suivre. Chacune de ses cinq branches symbolise une vertu cardinale – sagesse, amour, vérité, justice et bonté – et nous sommes invités à nous poser en son centre pour les méditer et les cultiver. Suivre l’étoile, c’est être attentif et amoureux de ces vertus.
Ai-je levé aujourd’hui les yeux au ciel ? Les pensées qui me travaillent, les émotions qui me traversent ou les actions que j’engage sont-elles empreintes de sagesse, d’amour, de vérité, de justice et de bonté ? Ai-je identifié mon étoile ? Est-ce que je l’honore un peu tous les jours ?
Alignement
Les rois mages offrent l’or, l’encens et la myrrhe, ce qui correspond à la tête, le cœur et le corps : esprit, sentiments et manifestation véridique. L’or est symbole de lumière. Pour recevoir cet or, ouvrons notre troisième œil. Reconnaissons-le en nous et offrons-le aux autres : nous recevons et donnons. L’encens est symbole de la prière qui monte du cœur. Faisons monter les volutes de l’amour inconditionnel chaque jour et que notre amour cherche l’amour. La myrrhe symbolise le corps et son centre énergétique, le ventre. Que notre corps, nos sentiments et notre intelligence marchent ensemble et unifiés car la conscience ne peut se manifester que dans l’indivision.
Suis-je capable de reconnaître la lumière qui m’habite et la joie de la partager avec autrui ? Puis-je embrasser l’amour qui m’anime et l’offrir sans attentes ? Entends-je les prières qui viennent de mon cœur ? Est-ce que je respecte et prends vraiment soin de mon corps ? M’appartient-il et puis-je en faire ce que je veux ?
Prosternation
Les rois mages, en se présentant à Jésus, se prosternent. Se prosterner, c’est-à-dire incliner corps, poitrine et front jusqu’à terre, n’est vraiment pas du goût de notre égo qui court et cherche partout ce qui est déjà en nous. Les mages se prosternent devant ce qu’ils sont et qu’ils ne connaissent pas : c’est le sens du mot épiphanie. La prosternation nous interroge directement sur la façon dont nous cherchons à rencontrer cet espace d’incommensurable amour et de lumière en nous.
Suis-je habité par l’orgueil et soumis à mon égo qui veut tout diriger et contrôler ? Ou bien suis-je capable de poser le genou à terre en signe d’allégeance ? Puis-je me défaire de qui je suis pour rencontrer l’inconnu et reconnaître sa magie ?
L’enfance est le chemin d’accès au royaume des cieux, porte d’entrée du monde divin dans le monde humain et vice-versa. Si l’enfant en nous s’est laissé bercer et émerveiller par l’histoire de l’amour qui s’incarne, l’adulte que nous sommes, qu’aura-t-il envie de faire ? Ce qui est imprévisible, nous déconcerte ou échappe à notre contrôle, se présente tel un enfant qui veut être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité se cache son pouvoir qui crée et transforme tout avec amour. Ce processus doux et exigeant est ce qui nous permet d’éprouver le bonheur. “L’infini a des langes” dit joliment un sermon grec… Je vous souhaite de vous émerveiller de la force et profondeur qui nourrit notre amour de ce monde dans lequel nous nous mouvons.
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