Pour faire parler un texte au premier coup d’œil, rien de mieux que l’illustration : son rôle est précisément de faire briller le texte. Il se trouve que Nicole Prieur, Philippe Depoorter et Étienne Eichenberger ont pour projet un livre sur l’argent. Aguerris aux multiples facettes de ce thème extrêmement complexe, ils croisent leurs domaines d’expertise respectifs pour lever le tabou et comprendre le rapport que chacun entretient avec cet objet de convoitise, notamment dans les sphères privées — familles, couples, fratries — là où il est impliqué dans des enjeux relationnels souvent difficiles à saisir.
Le texte est écrit et il va falloir lui donner forme. En plus de concevoir une mise en page qui rende grâce à la structure du texte, nous décidons de l’enrichir avec plusieurs illustrations, environ quatre par chapitre, pour apprivoiser le lecteur, chatouiller son attention, créer une connivence. En effet, l’ouvrage est construit autour des nombreuses citations anonymes, issues des interviews réalisés sur le thème de l’argent auprès de personnes dont le patrimoine excède très largement la moyenne — le parti pris des auteurs étant de traiter le sujet par l’un de ses extrêmes pour le toucher avec encore davantage d’acuité. C’est ainsi que la finance, la philanthropie et la psychologie se rencontrent pour apporter un regard inédit et apaisé sur le sujet.
Projet : mise en œuvre d’un livre sur l’argent écrit à six mains, création d’une trentaine d’illustrations pour mettre en avant des citations extraites d’interviews, conception graphique et mise en page, conseil rédactionnel, correction typographique, suivi d’impression. Sens du projet : réussir une aventure collective, toucher l’intime, faire grandir en conscience, rendre la complexité accessible.
Quand l’illustration devient trésor
Imaginer des illustrations pour un sujet si sensible, quelle palpitante gageure ! Je me réjouissais de pouvoir faire appel à mon imagination pour transcender les clichés ou attendus et inventer quelque chose qui n’existait pas encore : un insondable espace de créativité s’ouvrait devant moi… Plus exactement, devant nous, les trois auteurs et moi-même, l’artiste à qui ils avaient confié cette délicate tâche.
L’illustration a de précieuses fonctions et vous trouverez de nombreux textes sur internet célébrant ses innombrables bénéfices. Dans le cadre de ce livre, l’illustration avait pour but de créer un univers inédit, une atmosphère particulière qui installe une complicité entre le livre et son lecteur, une qualité proche de l’intimité puisque le sujet venait s’immiscer dans les représentations et toucher l’inconscient. L’argent étant un tabou, soumis aux effluves de chose cachée ou secrète, il fallait que les illustrations suggèrent au lecteur le voile qu’il allait pouvoir lever pour entrer dans un monde où lui serait révélé quelques vérités ou indices propres à le faire grandir.
De façon plus pragmatique, l’illustration venait aussi créer des ruptures dans le déroulé des chapitres, inscrivant au fil des pages un rythme fait d’intercalaires visuels, articulant et condensant le contenu pour l’amener à un autre niveau de compréhension. L’image devenait alors un point central, guidant l’œil et l’esprit du lecteur comme un fil rouge qu’il était invité à dérouler, soit lors d’une première prise en main du livre, soit au fur et à mesure de sa lecture.
Il fallait donc choisir une typologie d’image : l’illustration prit spontanément le pas sur la photographie, car le registre avec lequel nous avions choisi de jouer serait d’ordre symbolique, voire légèrement onirique, et parsemé de touches humoristiques. Au départ, j’ai proposé des essais de collages réalisés à partir de gravures — traitement graphique raffiné qui rappelait les trames utilisées sur les billets de banque ; mais le côté passéiste de la gravure ne correspondait pas à la modernité du ton et du propos. J’étais donc à l’affut d’une nouvelle idée quand je suis tombée sur un livre illustré du romancier japonais Haruki Murakami qui trainait dans ma bibliothèque : son écriture étant très onirique, les illustrations avaient une qualité proche de celle que je recherchais et offraient au regard un univers mystérieux où plusieurs plans se rencontraient pour former une nouvelle réalité. C’est un fait et une loi de la nature : quand on cherche une solution, il y a nécessairement un moment où intervient la synchronicité ou le heureux hasard, car l’esprit en éveil et à l’affut des moindres signes appelle les réponses.
Et le propos prend vie
Les créations originales qui parsèment l’ouvrage sont donc issues de plusieurs choix qui ont été affinés et approuvés par les auteurs : illustrer les citations qui sont particulièrement parlantes et significatives ; privilégier le registre symbolique tout en apportant un style actuel ; créer des collages à partir de photographies qui se marient entre elles pour surprendre, intriguer, titiller, interroger, créer une prise de conscience… ; utiliser le procédé de vectorisation qui permet de simplifier et de contraster les images, ce qui facilite le collage ; avoir comme composante principale un élément humain — visage, main, corps… — pour aider le lecteur à s’identifier ; outre les pièces et billets, signifier l’argent avec des références plus symboliques comme la trame des visuels imprimés sur les billets, les chiffres projetés sur un écran… ; travailler les images en trois tons directs pour avoir comme teinte principale un gris métallisé qui rappelle la couleur argent et dont la brillance varie selon l’inclinaison ou la lumière.
Faire appel à l’imagination, à la métaphore, au symbole, au paradoxe, entraîne un engagement actif du lecteur : il doit utiliser ses capacités de raisonnement et de jeu pour créer du sens dans son esprit, pour s’amuser du lien entre l’image et le texte, pour dépasser ses automatismes, ses jugements, et s’ouvrir à un inconnu. Ceci contribue à renforcer le lien entre le livre et son lecteur, alors que le propos des auteurs repose justement sur la question de la relation : relation à soi, à l’argent, au sens donné à sa vie.
« L’écoute, tout comme la force de proposition créative de Vanina à travers ses illustrations, nous a permis de donner une profondeur supplémentaire à nos rédactions initiales… En plus, bien sûr, d’une mise en page impeccable. »
Étienne Eichenberger, co-auteur de L’argent, poison ou trésor ? Pour un usage apaisé de son argent, associé du cabinet WISE Philanthropy Advisors.
Se procurer L’argent, poison ou trésor ?
Le livre L’argent, poison ou trésor ? Pour un usage apaisé de son argent de Nicole Prieur, Philippe Depoorter et Étienne Eichenberger, 132 pages, aux Éditions Ernster, imprimé par l’Imprimerie Schlimé à Luxembourg, comprend cinq parties : L’argent peut-il rendre heureux ? ; L’argent, créateur de tensions ; Trouver l’équilibre ; Comment se construit le rapport à l’argent ? ; La transmission, moment de vérité ; Vers un usage apaisé de son argent.
L’ouvrage est disponible en cliquant sur ce lien.
« Face à un sujet complexe comme l’argent, Vanina a su proposer des illustrations modernes et élégantes qui renforcent le texte et agrémentent la lecture. Une belle réalisation. »
Nicole Prieur, co-auteur de L’argent, poison ou trésor ? Pour un usage apaisé de son argent, psychothérapeute et créatrice de parolesdepsy.com